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De « la Vénus de Brizet » à « la Vénus aux navets »

La découverte

Un cultivateur en son champ de raves, Jean Gonon, laboure sa terre au crêt Brizet à Étrat, sur la commune de Saint-Just-sur-Loire, ce mercredi 28 avril 1937. Il récoltait ses raves quand il heurte un obstacle et met à jour une statue mutilée par le temps et à demi-nue.
M. Renaud, chirurgien-dentiste et archéologue, est passionné d’histoires locales. Il s’intéresse aux vestiges celtiques et gallo-romains. Ayant laissé son nom auprès de paysans susceptibles de trouver des vestiges, c’est tout naturellement que M. Gonon le contacte pour lui faire part de sa découverte.
Renaud constate que la statue est faite dans un marbre de Paros, c’est pour lui une Vénus de l’époque grecque du 1er siècle avant JC. Elle pèse 84 kg et mesure 86 cm. La Diana de Montbrison, le conservateur des antiquités de la Loire, le Conseil Général, la presse locale puis nationale célèbrent la découverte.
Jean Gonon dépose la Vénus dans sa grange transformée en petit musée et fait payer jusqu’à 3 francs l’audience particulière pour la voir. Consécration suprême, dans le Journal Officiel du 18 mai 1938 la « Vénus de Brizet » est classée monument historique !

Histoire d’une supercherie.

La Vénus est l’œuvre d’un jeune sculpteur de Villars, né en 1907 près de Venise en Italie, nommé François Crémonèse, ancien élève de l’école des Beaux-Arts de Saint-Étienne. Il a fait venir un marbre de Carrare qui lui a couté toutes ses économies. Après 3 ans de travail, il mutile sa statue et l’enfouit dans le champ de raves de M. Gonon avec l’espoir qu’elle soit fortuitement découverte et qu’ainsi soit reconnu son talent.
Les mois passent, la notoriété de l’œuvre est désormais bien établie. L’artiste, qui a son atelier à Michard, quartier de Villars, fournit alors la preuve irréfutable qu’il est l’auteur de la Vénus, en montrant le bras, le nez et la main qui manquent à la statue.

Crémonèse ira en justice pour réclamer son œuvre, mais Gonon ne compte pas s’en séparer. La justice donnera raison à Gonon. Après tout, la statue désormais renommée ironiquement « la Vénus aux navets » n’a pas été volée ! Crémonèse ne gagna pas la célébrité espérée et n’eut que très peu de commandes. Il voulait prouver son talent par un coup de publicité, il se retrouva oublié dans son atelier de Villars. On ne lui pardonna pas d’avoir trompé les experts. Crémonèse mourut en 2002 à l’âge de 95 ans.

Pour en savoir plus voir le site de Francesco Crémonèse.

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