1901-1911 : dix ans de services.
C’est en juin 1901 que la Municipalité villardaire approuva, en réunion du Conseil municipal, la création d’un corps de sapeurs-pompiers. Celui-ci fut constitué officiellement le 2 juillet 1901 et pendant dix ans il allait veiller à la sécurité des Villardaires.
L’idée était dans « les tuyaux » pourrait-on dire depuis plusieurs mois. La Commune avait en effet procédé en avril 1899 à l’acquisition d’une pompe à incendie, de ses tuyaux et de ses accessoires pour une somme de 2 014 francs. De plus, six bouches à incendie avaient été aménagées dans les différents quartiers.
Antoine GRATALOUP, passementier au Bois Monzil, était alors maire (de 1899 à 1904). Il avait été élu au conseil municipal en mars 1897 comme 2è adjoint d’Antoine PENOT puis avait remplacé ce dernier après son décès en fonction le 6 mai 1899.
Sa visite à la brillante exposition universelle de 1900 à Paris (il participa le 22 septembre au banquet des maires, offert par le président de la République Émile LOUBET) n’avait certainement pas manqué de l’inciter à moderniser la commune de Villars et ses services.
Sous son mandat on verra ainsi arriver le télégraphe à la gare, l’installation de trois bornes fontaines et l’agrandissement du cimetière. Il interviendra aussi activement pour l’installation du téléphone et le prolongement de la ligne de tramway jusqu’à Villars. En vain !
Des fusils, des baïonnettes et un local.
Mais créer un corps de sapeurs‑pompiers nécessitait des contraintes, tant matérielles que financières. La Municipalité dut prévoir le budget nécessaire au fonctionnement de la section (260 francs annuels) et s’engager à le financer pendant au moins cinq ans. Les pompiers étaient payés 10 francs par an. Il fallut aussi pourvoir à l’habillement et à l’équipement du corps, composé de 18 sapeurs, d’un sous‑lieutenant, de deux sergents, de quatre caporaux et d’un tambour, soit un total de 26 personnes.
Détail qui pourrait paraître étonnant de nos jours, le corps de pompiers fut réglementairement doté de 25 fusils Gras modèle 1874 et de 25 baïonnettes ainsi que de 26 casques (y compris celui de l’officier commandant). Cette dotation était à la charge de l’État, la Commune devant s’acquitter des frais de transport et d’emballage.
Il fallut aussi payer le loyer, l’éclairage, l’entretien et le chauffage du local où était remisée la pompe, ainsi que l’entretien de celle‑ci et de ses accessoires, la réparation et l’entretien des armes. La Commune dut de plus contracter une assurance pour les frais des funérailles, les secours médicaux et pharmaceutiques et indemnités dues aux sapeurs‑pompiers atteints d’une incapacité par suite de blessures reçues ou de maladie contractée dans un service commandé.
1911 : un incendie met fin au corps des pompiers.
De l’effectif initial, on sait que l’officier au grade de sous‑lieutenant était Jean RIGAUD, âgé de 66 ans et passementier au Bourg. Celui‑ci avait son service aux pompiers de Paris. Il prit ses fonctions le 3 août 1901. En septembre 1904, suite au décès de son prédécesseur, c’est Jean BERTHET (mineur, ex sous‑officier) qui devint sous‑lieutenant. Les mécaniciens étaient Antoine DAVID, Jean DAVID et Jean IMBERT (dit le « gros pompier »). Les aides‑mécaniciens étaient MM CHAZALON, CHOMETTON et MONTÉLIMARD.
C’est à la suite du gigantesque incendie du 23 janvier 1911 qui enflamma le dépôt des mines de Villars qu’il s’avéra que le corps de sapeurs‑pompiers n’était pas suffisamment équipé pour lutter contre de tels sinistres. Il fallut en effet faire appel aux pompiers de Saint‑Étienne avec leur pompe automobile. L’incendie détruisit les bâtiments des lavoirs, agglomérés, triages et accessoires du dépôt ainsi que les bâtiments environnants. Plus de 60 tonneaux d’huile de graissage brulèrent ainsi que 5 wagons appartenant à la compagnie PLM. Les dégâts matériels s’évaluèrent à plus de 300 000 francs. La section des pompiers villardaires allait être dissoute dans la foulée et ne devait jamais… renaître de ses cendres.
Sources : délibérations conseil municipal, presse ancienne. Photo : droits réservés, collection Mme PHILIPPON.
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