Comment le Champ du Faure est devenu la place Gambetta
Un procès datant de 1791, suite à un projet de construction sur ce vaste pré jusque-là partagé par la population locale, a finalement déterminé que ce bien était commun à la collectivité de la paroisse. Ainsi est née la future place Gambetta.
C’est aujourd’hui la place centrale de la commune. Mais autrefois qu’en était-il ? Un procès datant de 1791 et retrouvé récemment dans les archives municipales permet d’apporter un éclairage sur ce qu’était le centre bourg à l’époque de la Révolution française. D’autant qu’un plan y est tracé, riche de beaucoup d’informations.
Le château des Mathevon de Curnieu (l’actuelle mairie) en était l’édifice central, flanqué sur son côté ouest par la petite église (devenue salle du conseil municipal). Il ne manque aujourd’hui que le clocher qui a été démoli au milieu du XIXè siècle alors qu’il menaçait de s’effondrer.
La place Gambetta n’était alors qu’une étendue herbeuse où paissaient librement vaches et moutons avec quelques lopins cultivés. Le lieu était nommé le champ du Faure. Grace aux précisions apportées par ce procès, on y apprend que le champ était aussi planté de muriers dont les feuilles étaient récoltées et vendues pour l’élevage du vers à soie, les bénéfices étant reversés à la paroisse.
Seules trois maisons étaient construites, à la pointe de ce qui est devenue ensuite la rue de la République. Toute la partie haute de la place (vers la rue Danton) était la propriété de la Demoiselle Bérardier de Grézieux qui y avait maison et vaste enclos.
Le dit champ du Faure (aussi anciennement appelé la Courdonnerie) était la propriété en indivision des nobles Mathevon et Bérardier et d’un marchand stéphanois nommé Dubost. Ce dernier allait vendre sa part en 1790 à Magdelaine Flachier, veuve Mouton, déjà propriétaire d’un vaste pré mitoyen (actuelle rue Paul Bert). Et sur cette nouvelle acquisition, elle entreprit de construire une habitation avec l’objectif d’y habiter à la Toussaint 1791.
Hors de question pour la municipalité qui porta l’affaire en justice avec force arguments pour démontrer que cet espace était devenu public « depuis des temps immémoriaux », précisant notamment que c’était là aussi qu’arrivaient les trois chemins publics venant de Saint-Priest, de La Fouillouse et de l’Étrat et qu’en son centre était élevée une croix (aujourd’hui l’église) d’où partaient les habituelles processions. Et les officiers municipaux espéraient bien organiser là quelques foires ou marchés.
L’intercession de Mathevon de Curnieu abandonnant ses droits de propriété en faveur des habitants de la paroisse pesa dans la balance. La veuve Mouton fut déboutée, le champ du Faure gagnait là officiellement son titre de place commune et publique.
Une place aménagée au fil des décennies
Date | Avancée des travaux |
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1853 | Aménagement d'une fontaine publique avec lavoir sur la place du champ du Faure après le captage de la source des Joncs (municipalité de Gustave Delahante). |
1861 | Construction d'une nouvelle église sur la place du champ du Faure (municipalité Jean André Fessy). |
1875 | Arrivée de l'eau de la ville de Saint-Etienne, installation d'une borne-fontaine (édifice surmonté d'une croix) et d'un nouveau lavoir sur la place (municipalité d'Auguste Guitton). |
1876 | Plantation des platanes sur le parvis de l'église (municipalité d'Auguste Guitton). |
1879 | Le conseil municipal (municipalité d'Auguste Guitton) approuve l'organisation chaque jeudi d'un marché d'approvisionnement sur la place du champ du Faure. |
1889 | Plantation de l'arbre du centenaire de la Révolution (dit aussi arbre de la liberté) sur la place (municipalité d'André Fessy-Moyse). |
1891 | La place du champ du Faure, dite aussi place de l'église est officiellement dénommée place Gambetta (municipalité d'André Fessy-Moyse). |
1922 | Aménagement d'urinoirs publics place Gambetta contre le mur du parc du bureau des mines (municipalité de Louis Soulier). |
1988 | Le pavage de la place est refait avec l'installation d'une fontaine et de bancs (municipalité d'Hubert Pouquet). |
2005 2006 | Déconstruction et consolidation de l'église paroissiale (municipalité d'Hubert Pouquet). |
Sources : délibérations du conseil municipal, archives municipales, archives de presse
©H&P-Pierre THIOLIÈRE