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Un curé expulsé du presbytère

Un curé expulsé du presbytère

Le curé Michas

Décembre 1906, le curé expulsé du presbytère.

Au début du 20è siècle, la loi de séparation des biens des Églises et de l’État a posé quelques problème à Villars.
En 1906 entre en vigueur la loi de séparation des églises et de l’état. Reste à la faire appliquer. Ce qui ne se fera pas sans douleur. Notamment en ce qui concerne l’article qui précise à qui reviendront les biens immobiliers et mobiliers de l’église. Un inventaire doit donc être dressé dans chaque commune.

À l’époque c’est Antoine MICHAS qui est le curé de Villars et François MARTIN est en charge de la gestion de la paroisse. Le 15 février 1906 après midi, les deux hommes ont rendez-vous pour assister à l’inventaire des biens dépendants de l’église paroissiale comme l’impose la loi. Mais ce recensement se fait sous la contrainte. Le curé MICHAS va y adjoindre une lettre de protestation dont voici un extrait : « Nous ne sommes nullement ici pour prendre part à cet inventaire. Dans une attitude purement passive nous nous inclinons devant la force mais non devant le droit. Nous serons témoins, mais témoins hélas bien attristés ».
La liste est longue et il ne faut rien oublier. Il faut de plus faire une estimation du prix de chaque bien. Tout y passe. Il y a les vases sacrés, les ornements sacerdotaux, les vitraux, l’horloge du clocher, les soutanes, les draps mortuaires, les statues, les fonds baptismaux, encensoirs, burettes, croix de procession, candélabres, carillon, missels, sans oublier deux confessionnaux, l’harmonium, les bancs et 200 chaises.

L’église et le presbytère deviennent propriétés communales. Si l’église est mise à disposition gratuitement pour la pratique du culte catholique, pour le presbytère situé à l’Arsenal, le problème est tout autre. Il s’agit d’une maison de deux étages avec grenier, cave et un jardin de 450 mètres carrés.

La loi prévoit une mise à disposition gracieuse jusqu’à 1910 pour les paroisses qui acceptent de mettre en place une association cultuelle en remplacement du conseil de Fabrique. Le curé de Villars (comme bien d’autres) se range sur la position du Vatican qui rejette cette loi.

Dès lors, le conseil municipal va appliquer la loi. Les numéraires et archives de la Fabrique de l’église paroissiale de Villars sont mis sous séquestre le 13 décembre 1906. À cette même date le maire (Jean Baptiste PARET) informe le curé que le conseil a décidé de ne pas lui louer le presbytère et qu’il a jusqu’au 20 décembre pour libérer les lieux. Il est aussi notifié au curé MICHAS que, ne s’étant pas conformé à la loi (concernant la formation d’association cultuelle) il est prié de prendre ses dispositions pour laisser vacant le presbytère et remettre les clés au maire.

Le 20 décembre 1906 le curé évacue le presbytère

Le 20 décembre 1906 le curé évacue donc le presbytère mais revendique la propriété de deux bibliothèques, de plusieurs rayons en bois, de deux placards dont un contient le coffre-fort de la Fabrique, en précisant que « à cause du séquestre sur ces divers objets, nous sommes dans la nécessité de les laisser en place ».

Le curé MICHAS ne déménage pas très loin puisqu’il loge dès lors dans le bâtiment voisin, au deuxième étage du couvent des sœurs de Saint-Joseph, rue Marceau.
Par délibération municipale du 10 août 1907, il est décidé de louer à Jean Fraternité BONJOUR, receveur buraliste de la commune, la moitié du presbytère. En 1921, le conseil municipal approuvera la vente de l’ancien presbytère. La presse locale évoque alors la mobilisation de généreux donateurs qui ont permis « de rendre l’ancien presbytère à ceux qui n’auraient jamais dû en être bannis ».

Le curé MICHAS ne connaîtra pas la joie de revenir dans son ancien logement. Il décède en effet en fonction en septembre 1911. C’est le curé Jean François VACHER (en poste à Villars de 1920 jusqu’à son décès en 1940) qui s’installera le premier dans le presbytère revenu à sa fonction originelle.

Sources : délibérations du conseil municipal, inventaire des biens de l’église, archives départementales, presse locale.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE

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