
La paroisse augmente ses tarifs pour boucler son budget.
En 1821, le conseil de Fabrique a dû se résoudre à la création des messes de 1è, 2è et 3è classe pour générer des recettes supplémentaires.
Étonnant document que celui retrouvé dans les archives de la commune et qui évoque une décision prise le 1er novembre 1821 par ce qu’on pourrait appeler le conseil paroissial. Pour simplifier, à cette époque la paroisse était gérée par un conseil de Fabrique, les administrateurs étant alors appelés fabriciens ou marguilliers, termes aujourd’hui tombés en désuétude. Le maire de la commune et le curé en étaient membres de droit. Nous étions bien avant la loi de séparation de l’église et de l’état datant de 1905.
Cet organisme était important car il avait la charge d’assurer la collecte et l’administration des fonds et revenus nécessaires à l’entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse. Les recettes financières de la Fabrique provenaient des quêtes, offrandes, dons en nature, loyers et fermages, legs, mais aussi de la location des places de bancs dans l’église.
À l’automne 1821, la Fabrique de Villars dut se résoudre à concéder qu’elle n’avait pas les revenus suffisants pour assurer ses dépenses indispensables. Elle accusait un déficit annuel de 143,45 francs, soit près du quart de son budget. Il y avait donc urgence à agir et à trouver des recettes nouvelles. Pour cela une délibération fut prise visant à augmenter le tarif des prestations et même à en créer de nouvelles !
Dès lors baptêmes, mariages et enterrements allaient être organisés en trois classes différentes pour lesquelles il en couterait désormais 2, 4 ou 6 francs avec un tarif spécial de 1 franc 50 pour les baptêmes. Le nombre de cierges fournis sera proportionnel à la prestation choisie (14 cierges pour un enterrement de 1è classe mais seulement 4 pour la 3è classe).
« Pour ceux qui voudraient de plus amples honneurs, on déterminera dans la circonstance ce qu’il conviendra d’ajouter à ce tarif. Monsieur le curé est autorisé à retrancher en tout ou partie des dits droits de fabrique à l’égard des paroissiens qui se trouveraient hors d’état de les acquitter » précise toutefois la délibération qu’ont signée messieurs Jean Baptiste,Raverot curé, Letissier, Denis, Badinand, Grange et Peyret.

Jean Baptiste RAVEROT, curé de Villars de 1820 à 1823 puis nommé à Saint-Victor-sur-Loire. Né vers 1790, décédé en 1865 à Saint-Victor-sur-Loire.
Antoine (doit Antonin) LETISSIER, né en 1801 à Villars, décédé en 1837 à Saint-Étienne. Propriétaire passementier. Maire de Villars de 1827 à 1831.
Sont Fabriciens à Villars en 1821 (la loi précise que le maire siège au conseil de Fabrique ainsi que le curé pour un total de 5 à 9 membres) : Jacques DENIS, Antonin LETISSIER, Jean FLACHIER, PEYRET (passementier à Curnieu), Jean BADINAND (trésorier démissionnaire, remplacé courant 1821 par GRANGE passementier au Bourg) et MASSARDIER.
Délibération pour le changement qu’il convient de faire au sujet des droits de Fabrique imposés sur le casuel (en clair il s’agit de fixer un tarif des prestations).
Considérant que la fabrique est extrêmement pauvre et n’a pas les revenus suffisants pour les dépenses même indispensables. Considérant que les droits de Fabrique sur le casuel sont à un taux trop bas et ne sont pas bien fixés ni déterminés et qu’il pourrait en résulter quelques inconvénients tels que plaintes et murmures ( !). Voulant autant que possible les prévenir, après avoir examiné les ressources de la paroisse et les besoins de la Fabrique, nous avons cru devoir établir trois classes pour les enterrements et offices qu’on célébrera dans notre église et fixer ainsi qu’il suit les droits de Fabrique que percevra en notre nom monsieur le curé sur les dits enterrements et offices ainsi que les mariages et baptêmes.
Enterrement avec messe 1ère classe 6 francs, 2è classe 4 francs et 3è classe 2 francs. Enterrement sans messe 1ère classe 5 francs, 2è classe 3 francs et 3è classe 2 francs. Office de 1e classe 6 francs, 2è classe 4 francs et 3è classe 2 francs. Baptême 1,5 franc, mariage 2 francs.
La Fabrique fournira la cire dans la proportion suivante : pour les enterrements et office de 1e classe 6 cierges à l’autel, 6 autour du corps ou du cataphalte (sic, pour catafalque), deux dans chaque chapelle. Pour les enterrements et offices de 2è classe la Fabrique fournira 4 cierges au maître-autel et 4 autour du corps ou du cataphalte (sic, pour catafalque). Enfin pour les enterrements et offices de 3è classe, deux cierges à l’autel et deux sur la représentation ou autour du corps. Pour ceux qui voudraient de plus amples honneurs, on déterminera dans la circonstance ce qu’il conviendra d’ajouter à ce tarif. Monsieur le curé est autorisé à retrancher en tout ou partie des dits droits de fabrique à l’égard des paroissiens qui se trouveraient hors d’état de les acquitter.
Sources : archives municipales, archives paroissiales.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE