Un mineur meurt écrasé par un bloc de charbon.
Dans le quotidien « Le Républicain de la Loire » du 5 mai 1893 on peut lire le triste fait divers suivant. Accident à Villars : « Le nommé Pierre Chomarat 50 ans, piqueur au puits Ponsonnard travaillait dans une tranchée mardi soir lorsqu’une énorme masse de houille, détachée par un coup de mine, tomba sur lui et le broya ».
Le registre d’état civil à la mairie de Villars fait quant à lui état du décès le 2 mai à 19h à la fendue de Bourgeat de Pierre Chomarat, âgé de 56 ans, né à Sainte-Sigolène (Haute-Loire), ouvrier aux mines, célibataire, domicilié place Gambetta à Villars.
Ce sont ses deux frères Marcellin (53 ans) et Jean Baptiste (49 ans), également mineurs (ne sachant ni lire ni écrire) et domiciliés place du Bois-Monzil qui ont procédé à la déclaration du décès devant le maire André Fessy-Moyse.

Le mineur était sourd !

On en sait un peu plus sur les circonstances du décès. Pierre Chomarat était piqueur. Il était aussi pratiquement sourd, ce qui fait qu’il n’aurait pas entendu l’appel « gare à la mine » poussé par ses camarades. Les conséquences de cette quasi surdité ont hélas été mortelles.
Né le 31 août 1837 à Sainte-Sigolène au lieu-dit Crossac, il était le fils de Jacques Chomarat, maçon (puis journalier) et de Marianne Viallard. On lui connaissait une soeur ainée et deux frères Marcellin (né à Sainte-Sigolène en 1841) et Jean Baptiste (né à Sainte-Sigolène en 1844), également mineurs à Villars et témoins de son décès.
On retrouve le nom de Pierre Chomarat comme témoin dans un rapport d’accident ayant entrainé la mort de Michel Pacalet suite à un éboulement dans la fendue Montchaud le 8 février 1881. Cette fois c’est lui qui a été victime de la mine.
En consultant les recensements de population, on constate que les trois frères étaient installés ensemble au bourg de Villars en 1866, ils étaient alors logés chez Jean Chosson. C’est la période durant laquelle la mine a beaucoup développé ses activités, notamment au puits Beaunier, à la Chana et à la Porchère. Nombreux sont alors les mineurs venus de la Haute-Loire à s’installer dans la commune.
Les frères Chomarat vont ensuite plusieurs fois déménager. Pierre habitera successivement à Rochefoy en 1872 (logé chez Gauthier), puis au bourg en 1886 (logé chez Jean Sagnard) et enfin place Gambetta en 1891 (logé chez la veuve Bonnavion). Ses deux frères s’implanteront ensuite au Bois-Monzil, Jean-Baptiste s’installant durablement chez Ferriol et Marcellin disposant d’une chambre garnie partagée avec deux autres mineurs.
En 1901 et en 1906 Jean Baptiste habitait toujours au Bois-Monzil. On perd ensuite la trace des deux frères qui visiblement sont eux aussi restés célibataires. Ils ne sont pas décédés à Villars.
Villars en 1893 :
La commune vient de franchir le seuil de 2500 habitants. Le maire est alors André Fessy-Moyse. Avocat de profession, il habitait le château de Michard que son père avait fait construire. Il a notamment payé de sa poche les plaques des noms des rues de la commune. Radical socialiste, il a été deux fois candidat à la députation et suite à un meeting animé, il se battra même en duel avec un journaliste.
Où était le puits Ponsonnard ?
Difficile de répondre précisément à cette question. Il n’y a pas de puits portant réellement ce nom. Il s’agit là d’un nom d’usage, lié au nom du propriétaire. On sait que Barthélémy Ponsonnard ingénieur des mines, avait quitté son poste à la Compagnie des Mines de la Loire pour exploiter à son compte une amodiation à la Boutonne qui portait sur un faisceau de couches dite « Couche des Combettes ». Dans certains rapports de la même époque il est aussi fait état de la fendue Bourgeat dont le directeur était Ponsonnard.
Sources : archives départementales, presse ancienne, état civil, recensements de la population.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE