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La Sainte-Barbe à Villars

La Sainte-Barbe au fil des décennies.

Difficile de trouver trace des premières fois où les mineurs de Villars ont fêté la Sainte-Barbe. Fort probablement vers le milieu du 19è siècle lorsque les diverses concessions locales ont été regroupées au sein de la Compagnie des mines de houille de Villars, elle-même absorbée ensuite par la Compagnie des Mines de la Loire.
La presse locale a souvent évoqué cette journée festive. Vous trouverez ci-dessous une sélection chronologique des us et coutumes alors de vigueur. À noter que la Sainte-Barbe de 1867 était crêpée de deuil suite au coup de grisou meurtrier du puits Beaunier qui fit 39 victimes. Idem pour celle de 1956 où le jour même on enterrait les victimes du puits Couriot. L’édition de 1919 évoque encore la haine du « Boche » et celle de 1940 est déjà empreinte du message du maréchal Pétain.

La Sainte-Barbe 1867 à Villars.

Les familles de mineurs qui, chaque année, le jour de la Sainte-Barbe, parcourent en habits de fête les rues de notre ville, n’étaient pas en grand nombre hier comme l’année dernière où cette journée avait été magnifique pour la saison. Le mauvais temps ne les a pas empêchées toutefois de célébrer dignement, dans nos divers bassins houillers, la fête de leur patronne.
Ce jour-là toute la nombreuse population qui fouille les entrailles de la terre remonte à la surface. Le feu des chaudières s’éteint. Les hautes cheminées ne fument plus. Le bruit des machines se tait. Le chômage est partout rigidement observé.
Dès le matin les mortiers et les carillons des églises voisines des exploitations appelaient les mineurs aux offices solennels du jour. Ensuite ils sont allés offrir aux autorités, aux directeurs et ingénieurs, des différentes compagnies les gâteaux bénis et le soir ils se sont rendus aux fêtes bruyantes et joueuses qui les réunissent ce jour-là.
Mais la Compagnie des Mines de la Loire s’est abstenue de prendre part à ces fêtes : le deuil des 39 victimes de Villars était trop récent.

La Sainte-Barbe 1880 à Villars.

Dès le matin les postes de nuit ont commencé la fête de la Sainte-Barbe. Les mineurs qui sortaient des puits, au lieu d’aller dormir ont revêtu leurs habits du dimanche et sont venus parcourir la ville en groupes nombreux. Depuis midi jusqu’au soir sur toute l’étendue du bassin minier on entendait retentir les formidables détonations des boites pendant que les cloches des paroisses sur lesquelles sont établies les exploitations houillères annonçaient les cérémonies religieuses que les compagnies ont fait partout célébrer solennellement le matin, suivant l’ancien et respectable usage.

La Sainte-Barbe 1900 à Villars.

La Sainte-Barbe 1900 à Villars.

La Sainte-Barbe 1900 à Villars.

La Sainte-Barbe 1937 à Villars.

Le matin à 10 heures, un défilé s’organisait devant le bureau des Mines, emmené par l’Harmonie des Mines. Derrière les drapeaux de la Division de Villars, portés par les gouverneurs et les surveillants, se rangeaient M. Paret ingénieur divisionnaire, MM Tatin et Darboux ingénieurs des puits Chana, suivis de MM les sous-gouverneurs, agents de maitrise et employés. Le cortège gagnait l’église paroissiale où l’abbé Pinton célébrait une grande messe solennelle. Au cours de cette cérémonie, Mme Matricon accompagnait à l’harmonium les chants liturgiques et M. Rouchon chef de musique dirigeait avec habileté un magnifique programme exécuté par les membres de l’Harmonie.
À l’issue de la cérémonie le cortège se reforma place Gambetta pour se rendre aux bureaux des Mines où eut lieu la dislocation. Les divers établissements du bourg connurent alors une joyeuse animation qui reprit au cours de la soirée dans les différents quartiers de notre commune ouvrière.

La Sainte-Barbe 1940 à Villars.

Mercredi matin à 10 heures avait lieu une messe solennelle. Parmi la nombreuse assistance du personnel des Mines de la Loire nous avons relevé la présence de M. Paret ingénieur divisionnaire de Villars et de M. Tatin ingénieur du puits Chana. Nous avons remarqué également la délégation des membres de l’Harmonie des Mineurs de Villars, des mineurs retraités et des ouvriers polonais ainsi que les enfants des écoles et du Bois-Monzil. À l’harmonium M. Bonnard accompagnait les chants liturgiques. Après l’évangile, M. le curé David – curé de Villars – exprima la valeur du travail de l’ouvrier chrétien et l’importance de la collaboration du patron et de l’ouvrier qui se manifesta à la sortie de cette cérémonie par une simple et aimable rencontre dont les échos déjà apportés sont la preuve d’une meilleure compréhension pour le relèvement de notre pays.

La Sainte-Barbe 1956 à Villars.

 L’émotion et le souvenir ont prévalu en cette journée du 4 décembre, fête de la Sainte-Barbe, patronne des mineurs, dans la cité ouvrière de Villars, à la suite des tragiques et récents accidents de la mine dont les funérailles des victimes du puits Couriot avaient lieu le jour même à Saint-Étienne. Cependant une messe était célébrée à 10 heures en l’église paroissiale par M. l’abbé Jacquemond, vicaire.
Dans l’assistance ont été relevées les présences de M. Pacrot ingénieur divisionnaire aux H.B.L, MM. Perret, Giry, Bonnardot et Delpont, ingénieurs des Mines, celles des agents de maitrise du fond et du jour, des ouvriers des exploitations Chana et Villars.
En un mot si l’ambiance d’antan a des tendances à disparaitre, la noble tradition est tout de même respectée et malgré une époque bouleversée, la fête de Sainte-Barbe reste bien celle de tous les ouvriers mineurs.

Sources : presse ancienne, archives départementales.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE

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