Un beau-père et son gendre meurent asphyxiés au puits Gallois.
D’après les recherches effectuées, la mine a fait près de 300 morts à Villars au fil d’un siècle et demi d’exploitation, dont deux au puits Gallois le 12 avril 1890.
Du puits Gallois il ne reste aujourd’hui que le nom d’une rue qui traverse de bas en haut le vaste lotissement du Platon. On devine encore une plateforme au pied de la Sapinière, devenue aujourd’hui espace de jeux ou but de promenade pour les habitants du quartier.
Le puits Gallois (on devrait dire « de Gallois » puisqu’il porte le nom de l’ingénieur des mines Louis de Gallois) a été foncé en 1838 et a de suite bénéficié de l’installation d’une machine à vapeur de 20 chevaux, il a été approfondi de 240 à 290 mètres en 1864.
Un peu en dessous (à la pointe du plan d’eau actuel, vers la montée d’escaliers) se trouvait la fendue du puits Gallois (ouverte en 1854) et au-dessus du puits était exploitée la fendue Marthouret.
À cette époque, on appelait ce secteur la vallée des joncs, où serpentait un petit ruisseau (toujours existant) et qui prenait naissance à la source des joncs (elle aussi toujours existante). Le puits de mine et sa fendue étaient donc aussi appelés le puits et la fendue des joncs. Voilà l’état des lieux. Asphyxiés par des émanations de gaz.
C’est là que s’est noué le 12 avril 1890 un de ces drames de la mine qui faisait hélas le quotidien des gueules noires. Voilà ce qu’en dit le journal Le Stéphanois de l’époque : « Deux ouvriers, employés au puits des Joncs de la concession des Mines de la Loire à Villars ont été asphyxiés par des émanations délétères dans la fendue de Montchaud. Ces deux victimes du travail – le beau père et le gendre – n’étaient employées que depuis cinq jours seulement à Villars. Ils arrivaient de Terrenoire où ils travaillaient précédemment. Le corps de l’un d’eux a pu être retiré hier soir (le 13 avril) ».
Les registres de l’état civil de la commune apportent un complément d’information sur ce drame. D’après la transcription des deux décès, l’accident est survenu le 12 avril 1890 à quatre heures du soir au Puits Gallois. Ce puits communiquait en effet avec la fendue Montchaud située sur la commune de Saint-Genest-Lerpt mais appartenant à la concession de Villars.
Marié depuis à peine deux mois.
Les deux victimes étaient Toussaint Bouteyre, âgé de 46 ans, ouvrier aux Mines, né à Vanosc en Ardèche, fils des défunts Jean Baptiste Bouteyre et de Marie Fanget. Il était marié avec Marie Neyme et résidait au Platon, commune de Villars.
L’autre victime était son gendre Louis Arnaud, âgé de 24 ans, ouvrier aux mines, né à Saint-Jean-Bonnefonds, fils de vivants Jacques Arnaud et de Marguerite Giry. Il était marié depuis à peine deux mois avec Antonine Bouteyre et résidait également au Platon.
Ce sont François Palle, 46 ans contrôleur aux mines et Mathieu Rullière 48 ans ouvrier aux mines, tous les deux domiciliés au bourg de Villars, qui ont procédé à la déclaration des décès en présence d’Antoine Poyet, adjoint du maire André Fessy. Les funérailles des victimes eurent lieu le 16 avril à Terrenoire (d’où la famille était originaire) en présence d’une foule nombreuse.
Sources : archives départementales, presse ancienne, état civil.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE