Exposition du boeuf de Pâques.
Autrefois à Pâques chaque boucherie affichait ses plus beaux quartiers de viande et même des bêtes sur pied comme au Bois-Monzil à la boucherie Mazoyer.
La tradition du bœuf gras de Pâques fait depuis quelques années l’objet d’un certain renouveau. Symboliquement l’exposition de cet animal de sélection signifiait la fin du jeûne après le carême et l’arrivée du printemps. Mais il y a bien longtemps que ces paisibles bovins, promis à l’abattoir, ne sont plus exposés à l’admiration du public.
Au musée Jean Marie Somet on peut voir notamment la photo de la devanture de la boucherie Morel où les carcasses de porcs et les quartiers de bœufs étaient fièrement accrochés à même la façade du magasin.
Le cliché ci-dessus date de Pâques 1928 (du 1er avril précisément). On y voit à droite Antonin Mazoyer, boucher au Bois-Monzil. Il venait de faire l’acquisition d’un superbe bœuf charolais, récompensé par le 1er prix du concours d’animaux gras de la ville de Saint-Étienne.
Né le 31 janvier 1894 à Saint-Étienne, Antonin Mazoyer fut d’abord cultivateur à Saint-Priest-en-Jarez avant de devenir boucher d’abord à Saint-Jean-Bonnefonds puis au Bois-Monzil durant l’entre-deux-guerres. À tout juste 20 ans (il faisait partie de la classe 1914), la Grande Guerre le mobilisa dans l’artillerie où il fut canonnier conducteur au 53è Régiment d’artillerie. Souffrant notamment d’emphysème pulmonaire, son état de santé se dégrada. Il fut versé dans le service auxiliaire puis fut finalement réformé et pensionné de guerre. Triste héritage de son passage dans les tranchées, il fut membre de l’association des Poilus de Villars et vice-président de l’association des mutilés. Il s’est éteint en 1958 à l’âge de 64 ans.
Son frère Pierre Auguste, un peu plus âgé (né en 1888 à Fay-le-Froid en Haute Loire) a aussi laissé trace de son passage à Villars. Il y fut d’abord boulanger et juste avant-guerre on le retrouve télégraphiste. Marié à Villars en 1913, il sera mobilisé en août 1914 au 75è RI et blessé le 29 août près de Baccarat (en Lorraine, lors de l’offensive allemande sur la trouée de Charmes) par un éclat d’obus qui lui laissera une atrophie de l’avant-bras droit. Après sa convalescence il sera versé au service auxiliaire et détaché à la Manufacture d’Armes de Saint-Étienne. Installé à Saint-Étienne, il retrouvera son métier d’ouvrier d’équipe PTT et décédera à 39 ans à Lyon.
Juste avant le déclenchement de la Grande Guerre, Villars comptait 3 000 habitants et cinq boucheries. On en trouvait deux au Bois-Monzil : celle tenue par Pierre Delorme et celle de Jean Marie Moulin (classe 1901 blessé au début de la Grande Guerre). Au bourg Claude Jouve et son fils Antonin étaient installés rue de la République tout comme Claude Moulin. Jean Marie Morel était installé place Gambetta à l’angle de la rue Paul Bert (il sera ensuite remplacé par la boucherie Rollin Poulard de la classe 1906, blessé en 1914, gazé en 1917).
Au recensement de 1926 on retrouve :
- Antoine Jouve (né en 1894) et son père Claude (né en 1856) boucherie rue de la République.
- Honoré Ducat (né en 1900) boucherie place Gambetta (derrière l’église).
- Louis Machin (né en 1894) charcutier à l’alimentation stéphanoise place Gambetta.
- Etienne Goudin (né en 1888) charcuterie place Gambetta.
- Veuve Jeanne Marie Moulin (née en 1881) et son fils Jean Marie (né en 1908) boucherie place Gambetta.
- Veuve Jeanne Moulin (née en 1852) et son fils Pierre (né en 1873), boucherie rue du Breuil.
- Antonin Mazoyer (né en 1894) patron boucher au Bois-Monzil.
Source : photo collection musée Jean Marie Somet, registre matricule, recensement de population.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE