Une année difficile : 1946
Taxe sur la viande, pénurie de vin et d’essence, manque de charbon, crise du logement, ravitaillement insuffisant : la vie était particulièrement dure pour la population locale qui a su faire front dans cette période d’après-guerre.
Inflation, pénurie : deux mots qui sont hélas aujourd’hui redevenus d’actualité. De quoi se rappeler les années difficiles de l’histoire locale. Comme en 1946 quand la commune manquait de tout.
La fin de la deuxième guerre mondiale n’a pas été synonyme de retour à une vie normale pour la population locale. C’est la Municipalité conduite par François Binet qui a dû faire face aux nombreuses difficultés consécutives à une pénurie alimentaire mais aussi énergétique. Les tickets de rationnement étaient encore de rigueur. En séance du conseil municipal du début de l’année 1946 a été dressé un tableau peu reluisant de la situation.
Ainsi la viande est taxée à 100 francs le kilo. Le vin est rare et s’achète 220 francs le litre au marché noir. On va à la boulangerie avec sa carte de pain et tout est rationné. Paradoxe pour une commune minière, on manque de charbon, les vieillards et les familles nombreuses n’en ont pas assez pour convenablement se chauffer. On parle de rouvrir les anciennes exploitations locales. Mais il faudrait aussi du textile pour confectionner des bleus de travail. L’essence est rationnée ce qui pose problème notamment pour les transports d’urgence.
Faute de recettes suffisantes, les finances communales sont en déficit et même les travaux d’urgence sur les bâtiments doivent attendre. Les écoles sont surchargées d’élèves et il n’y a pas assez de livres et de cahiers. Devant la hausse constante du prix de la viande et afin de pouvoir continuer à en servir à tous les repas, la Municipalité décide après consultation des parents d’augmenter le prix des repas de la cantine.
À cela s’ajoute la crise du logement avec des appartements très peu occupés et d’autres surchargés.
Il faudra encore patienter de longs mois et la mise en oeuvre du plan Marshall pour que la situation s’améliore progressivement.
Délibération du conseil municipal février 1946.
Cantine scolaire rapport de la commission des écoles du 12 janvier 1946. Présents M. Binet (photo François BINET (1892-1974), 1er adjoint dans le Comité de Libération de septembre 1944 à mai 1945 puis maire de Villars de mai 1945 à octobre 1947), Pic, Garnier, Souveton, Perrin, Ravel, Mme Mayrand, et M. Faure directeur de l’école de garçons.
Au premier trimestre de l’année scolaire 1945-1946 il a été servi 4100 repas, représentant la somme de 44216 francs, ce qui fait une moyenne de 11 francs par repas. Devant la hausse constante du prix de la viande et afin de pouvoir continuer à en servir à tous les repas, la Municipalité décide après consultation des parents d’augmenter le prix des repas de la cantine.
À cela s’ajoute la crise du logement avec des appartements très peu occupés et d’autres surchargés.
Il faudra encore patienter de longs mois et la mise en oeuvre du plan Marshall pour que la situation s’améliore progressivement.
Délibération du conseil municipal mars 1946.
Quelle est la situation de la commune en matière de ravitaillement ?
Depuis quelques temps ça va mieux, mais deux points noirs : la viande qui est taxée 100 francs le kilo est vendue 120 à 140 francs. Après enquête les bouchers se plaignent que la viande n’est pas taxée à l’achat et qu’ils l’achètent de jusqu’à 100 francs le kilo et qu’il n’est pas possible de la vendre au prix de la taxe.
Au sujet du vin il n’y en a pas pour les ménages mais au marché noir pour les cafetiers à 200 et 220 francs le litre, très souvent ces prix sont payés non facturés, mais de main à main. Chose paradoxale, la police économique vérifie et frappe les petits commerçants mais les gros du marché noir on les laisse de côté.
Le chauffage : insuffisance de charbon pour les vieillards et les familles nombreuses.
Les transports : manque d’essence pour le transport des malades et d’autres transports divers de la commune.
Finances communales : comme la plupart des communes nos finances sont en déficit. Demande à l’État pour qu’il prenne à sa charge les bâtiments communaux, écoles, cantines, service de ravitaillement et laisse un peu plus d’indépendance aux communes.
Les écoles : la plupart des écoles sont surchargées d’élèves. Manque de de livres et de cahiers. Il faudrait une politique de construction d’écoles modernes.
Electrification : voilà près de 12 ans que nous luttons pour l’électrification des écarts de notre commune. Beaucoup de fermes et de maisons s’éclairent au pétrole. Nous avons toujours eu un refus de la Compagnie électrique. L’effort qu’elle a fait est d’avoir un plan qui reste dans des cartons poussiéreux. Pouvez-vous nous aider à ce sujet ?
L’habitation : chez nous comme dans la plupart des communes ouvrières c’est la crise du logement. Dans notre commune nous constatons beaucoup d’appartements en double, c’est-à-dire des gens qui y habitent un mois par an. D’autres ont 8 à 10 pièces pour 2 ou 3 personnes, pendant qu’il y a des ménages de 7 personnes dans une mansarde et des jeunes mariés qui ne peuvent trouver où se loger. Demande une politique hardie de constructions et de redonner aux maires le droit de réquisitionner.
Les attributions de textile : manque surtout des bleus de travail.
Sources : délibération du conseil municipal.
Photo : Amicale du Bois-Monzil.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE