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14-18. La terrible destinée des frères BRIVE.

 Ces trois anciens élèves de l’école communale du Bourg ont vécu les horreurs de la Grande Guerre. Deux sont morts au combat, le troisième est revenu fou des tranchées. Et deux de leurs jeunes frères étaient auparavant morts en bas âge à Villars.

l n’y a plus de famille BRIVE aujourd’hui à Villars. On en retrouve seulement trace dans les recensements et surtout dans les registres scolaire de la commune avant la Grande Guerre. On sait que Jean Antoine, le chef de famille, était originaire du Monastier en Haute-Loire et qu’il a été employé au chemin de fer à Terrenoire où il s’est marié en 1884 avec Antoinette COLLARD.
Au recensement de 1891 la famille a déménagé et habite à l’Arsenal à Villars puis en 1893 place Gambetta. Le père a quitté le chemin de fer et travaille comme mineur de fond. Il aura ici deux enfants (Pierre et Adrien) qui décéderont en bas âge en 1891 puis 1893. Ses trois autres garçons seront scolarisés à l’école communale du Bourg puis travailleront comme mineur dans le quartier du Soleil à Saint-Étienne jusqu’au début de la Grande Guerre.
Un autre homme de la famille va faire parler de lui en ce début du 20è siècle. Il s’agit de leur oncle Étienne, gardien de la paix et secrétaire de police à Saint-Étienne. Fin limier il va résoudre de nombreuses affaires à cette époque. Un exemple pas vraiment suivi par ses neveux dont voici le parcours.

Jean BRIVE (né en 1885 à Terrenoire) semble être une forte tête. Il a été scolarisé à Villars en 1891. En 1906, lors de son passage sous les drapeaux, sa mauvaise conduite lui vaut de se retrouver au bagne militaire à Oléron pour outrages envers supérieurs et ivresse répétée. Il sera libéré de ses obligations militaires en mars 1910. Il est ensuite condamné à 8 jours de prison en mars 1914 pour avoir volé une plate (gourde) de mineur dans les lavabos du puits Saint-Louis. La justice ne rigolait pas à cette époque. Mobilisé en août 1914 au 6è Régiment d’Infanterie Coloniale, il trouve la mort au combat près d’Ypres en Belgique le 28 novembre 1914.

Étienne BRIVE (né en 1887 à Terrenoire) a laissé le souvenir d’un élève indiscipliné à l’école communale de Villars où il apprend au moins à écrire entre 1893 et 1896. Son certificat de bonne conduite lui est aussi refusé au terme de son service militaire.
Détail anatomique qui figure sur son registre, il a une bouteille et deux verres tatoués sur le bras gauche et une pensée sur le bras droit.
Il se marie avec Elisa RINCHE et exerce, comme ses frères, le métier de mineur. Mobilisé au 52è Régiment d’Infanterie en août 1914, il est porté disparu le 26 septembre de la même année lors des sanglants combats de Chaulnes dans la Somme.

Laurent BRIVE (né en 1889 à Saint-Etienne) n’a guère brillé sur les bancs de l’école. Il est cependant noté qu’il a « une belle écriture ». Lui aussi verra son certificat de bonne conduite refusé durant son service militaire, ayant « insulté une sentinelle ». Soldat au 23è Régiment d’Infanterie, son parcours durant la Grande Guerre est très surprenant. Il va subir les foudres du conseil de guerre en deux occasions avec de lourdes condamnations (10 ans de travaux publics pour voies de fait envers un supérieur). Mais il a aussi et surtout à son actif une brillante citation avec la prise d’un poste ennemi près de Saint-Dié le 14 mars 1916, faisant 16 prisonniers ce qui lui vaut réhabilitation. Hélas la guerre et ses horreurs vont gravement le traumatiser. En septembre 1916 il est réformé pour folie et interné dans un asile d’aliénés.

Jean et Étienne figurent sur le livre d’or de la ville de Saint-Étienne où ils résidaient en dernier lieu. Laurent est mort prématurément à l’âge de 40 ans. Ainsi fut la triste destinée de ces trois anciens écoliers villardaires.

Sources : Registre scolaire de Villars, registres matriculaires, presse ancienne, Mémoire des Hommes.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE

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