En février 1848, le peuple de Paris qui aspire à plus de liberté et d’égalité se soulève. À cette époque le système politique profite essentiellement à la grande bourgeoisie d’affaires. Et le suffrage électoral est loin d’être universel puisque pour voter il faut avoir plus de 25 ans et payer des impôts et pour être éligible il faut bénéficier de revenus encore plus confortables.
C’est dire combien le peuple se sent méprisé. Les défenseurs de l’esprit républicain enfanté par la Révolution demandent donc une réforme électorale. Le roi Louis Philippe se voit contraint d’abdiquer.
La Deuxième République est proclamée, le suffrage universel est adopté (mais uniquement pour les hommes de plus de 21 ans) et en décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte (le neveu de Napoléon 1er) est élu pour quatre ans président de la République. Sur près de dix millions d’électeurs qui s’expriment ainsi pour la première fois les 10 et 11 décembre 1848, il est élu à près de 75% des voix.
On ne trouve hélas pas trace des résultats précis enregistrés à Villars pour cette élection présidentielle. Les archives municipales de 1840 à 1850 ont malheureusement disparu. On sait que Villars compte alors près de 850 habitants et que le nombre d’hommes majeurs et donc en capacité de voter, avoisine 150. Le département de la Loire vote à 72% en faveur de Bonaparte.
De nouvelles élections municipales.
Loin de Paris, la Révolution de 1848 a aussi connu des soubresauts. La commune de Villars n’a pas été épargnée. Le 14 avril 1848, le couvent des sours Saint-Joseph à l’Arsenal a ainsi été mis à sac par une bande de malfaiteurs. Il faudra ensuite payer les dégâts.
Le 30 juillet et le 6 août 1848, il s’agit aussi de procéder au renouvellement de tous les conseils municipaux. Étienne Bauzi, entrepreneur en bâtiment à Saint-Étienne (mais natif de Villars où sa famille réside) est nommé maire provisoire. Il est conforté dans sa fonction au terme des élections qui mobilisent 110 électeurs.
Le maire sortant Claude Flachat (du Bois-Monzil) est sèchement battu et il va immédiatement contester ce résultat au motif que Bauzi n’est pas inscrit sur les listes électorales et qu’il n’habite pas la commune. Les vifs différents entre les deux hommes vont durer de longs mois. Bauzi, qui par ailleurs néglige les affaires communales, sera suspendu par le Préfet puis démissionnaire en mars 1850.
André Vial son adjoint lui succédera quelques mois jusqu’à l’arrivée en octobre 1850 de Gustave Delahante, riche homme d’affaires (dans les mines et le chemin de fer notamment). Villars a cette fois un maire influent et avisé et qui va changer le cours des choses.
Les villardaires plébiscitent Louis Napoléon Bonaparte.
À Paris, un nouveau problème se fait jour. La constitution de la Deuxième République inclut une clause de non rééligibilité, interdisant du coup à Bonaparte de se représenter au terme de son mandat de président. Il va donc tenter de faire modifier le texte pour y parvenir. En vain. Le 2 décembre 1851, il prend les devants en réalisant un coup d’état, proclamant la dissolution de l’assemblée nationale afin de conserver le pouvoir. Et fin décembre, il va faire valider ce coup d’état par un plébiscite.
À Villars, les 20 et 21 décembre 1851, 165 électeurs s’expriment : 159 sont pour le oui, 5 pour le non et 1 bulletin blanc ou nul. Ce vote va valider (à 92% des exprimés) la première étape vers le Second-Empire, Louis-Napoléon Bonaparte devenant ensuite Napoléon III, empereur des Français.
La petite histoire raconte que Gustave Delahante, le maire de Villars, participa à l’accueil du prince Napoléon (encore président) le 18 septembre 1852 lors de sa visite à Saint-Étienne. La Compagnie des Mines de la Loire (dont il était administrateur) avait construit un arc de triomphe et la reconstitution d’une fendue, le tout nécessitant l’emploi de 300 tonnes de charbon (d’après la presse de l’époque). On situe la construction de ce véritable chef d’ouvre dans l’actuel secteur de la Doa, sur la route impériale n°82 de Roanne au Rhône, juste avant d’arriver à la Terrasse, près de la « carrière de Saint-Priest » (sic)
Source : archives municipales, archives départementales, recensement de population.
©H&P-Pierre THIOLIÈRE