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Condamné au bagne

Pierre Belbezète, un villardaire voleur de poules mort au bagne de Cayenne.

À l’époque la justice ne plaisantait pas avec la récidive. Pierre BELBEZÈTE l’aura appris à ses dépens.
Notre homme voit le jour le 3 avril 1872 au Bourg de Villars. Son père Jules est mineur et sa mère Marguerite (née MOMEY) est ménagère. Peu adepte des bancs de l’école communale (il ne sait ni lire ni écrire) il va aussi aller travailler à la mine dès son plus jeune âge, d’abord à Villars puis à Roche-la-Molière.

Son père étant décédé et sa mère s’étant remariée, il vit au jour le jour. Il a échappé à l’appel sous les drapeaux car il souffre d’une ichtyose généralisée, une affection cutanée particulièrement sérieuse. Et le travail au fond de la mine n’est guère approprié pour se soigner.
Dès lors il va s’employer comme journalier, en fonction du travail qu’il trouve ici et là. Mais il se fait aussi et surtout remarquer pour de menus larcins qui vont le conduire plusieurs fois devant le tribunal correctionnel de Saint-Étienne.

La tentation de dérober une poule ou un dindon !

Dans la rubrique des faits divers des journaux de l’époque on rit d’ailleurs de son comportement : « Le sieur BELBEZÈTE Pierre a un faible pour la volaille. Il ne peut passer à côté d’un poulailler ou d’un étalage d’épicier sans éprouver la tentation de dérober une poule ou un dindon » peut-on lire dans la rubrique des faits divers. Et les interpellations se succèdent. De 1894 à 1897 il est ainsi condamné sept fois pour vol, pour filouterie, pour vagabondage et même pour mendicité en réunion.

Les peines s’accumulent : un mois de prison, puis deux, puis trois, puis quatre, puis six puis un an. Rien n’y fait, l’homme semble incorrigible.
Il quitte Villars et la région stéphanoise où il est trop connu et on le trouve à Lyon où il est encore arrêté cette fois pour mendicité et vagabondage, car notre Villardaire est un SDF, terme qui existe déjà l’époque. Mais c’est la fois de trop. Car la loi de 1885 (aujourd’hui abrogée), dite loi sur la relégation des récidivistes, entraîne « l’internement perpétuel sur le territoire des colonies ou possessions françaises » des délinquants multirécidivistes.

La relégation à perpétuité et voisin de Dreyfus.

La sentence tombe le 25 janvier 1897, confirmée par la cour d’appel de Lyon : un mois de prison (ce qui n’est pas dramatique) mais surtout le voilà condamné à la relégation à perpétuité. Il doit donc dire adieu à la France. Après avoir purgé sa peine, il embarque le 12 novembre 1897 à Saint-Martin-de-Ré (au large de La Rochelle) à bord du cargo « Le Calédonie », bateau en partance pour la Guyane, chargé de transporter les forçats.

Pierre BELBEZÈTE décédera seulement sept mois plus tard, le 17 juin 1898 à Saint-Jean-du-Maroni où se situait le camp réservé aux voleurs multirécidivistes (surnommés les « pieds-de-biche » par allusion aux cambriolages faits avec cet outil) à l’âge de 26 ans, sans que l’on connaisse précisément les raisons de son décès. Fièvre, maladie ou mort violente : on ne vivait pas vieux au bagne.

Pierre BELBEZÈTE décédera seulement sept mois plus tard, le 17 juin 1898 à Saint-Jean-du-Maroni où se situait le camp réservé aux voleurs multirécidivistes (surnommés les « pieds-de-biche » par allusion aux cambriolages faits avec cet outil) à l’âge de 26 ans, sans que l’on connaisse précisément les raisons de son décès. Fièvre, maladie ou mort violente : on ne vivait pas vieux au bagne.

Non loin de là, sur l’île du Diable de sinistre réputation, se trouvait en même temps que lui un illustre bagnard nommé Alfred DREYFUS !
Pierre BELBEZÈDE le voleur de poules n’en est pas revenu. La transcription de son décès a été faite à l’état civil de Villars le 29 novembre de la même année par le maire de Villars Antoine PENOT.
Détail administratif étonnant, lors de la déclaration de guerre de 1914 il sera mobilisé et déclaré insoumis ne s’étant pas présenté. Il faudra attendre 1917 pour que l’Armée régularise sa situation suite à son décès. Un Villardaire repose là-bas en Guyane, bien loin de la commune qui l’a vu naître.

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