Après six années de guerre et d’occupation, les Villardaires sont invités à retourner aux urnes. Et pour la première fois les femmes peuvent voter et être candidates. François Binet est élu maire et Antoinette Meyrand fait son entrée au conseil municipal.

Le dimanche 29 avril 1945, partout dans une France désormais libérée, la population locale est invitée à se rendre aux urnes pour élire ses conseillers municipaux. La guerre n’est pas encore terminée et les prisonniers, électeurs voire candidats potentiels, ne sont pas encore tous rentrés. Mais il importe de ramener un cadre légal à la vie municipale.
À Villars, comme dans beaucoup de villes et de villages, le comité de Libération a évincé début septembre 1944 une municipalité aux ordres de Vichy. C’est l’instituteur, Henri Faure, qui a assumé le rôle de maire durant ce difficile intérim. Il s’agit aussi de mettre un terme aux terribles mois de l’épuration et aux règlements de compte. À Villars, du côté de Michard, la poudre a ainsi parlé, deux résistants ayant abattu d’une rafale de mitraillette un milicien auteur de nombreuses dénonciations. Il importe aussi de gérer les rationnements que subira encore longtemps la population et de mettre fin au marché noir.
Pour ces élections libres, mais où le comportement durant les années d’occupation pèse lourd, une seule liste est constituée. Elle sera dénommée liste républicaine antifasciste et de résistance. On y retrouve les principaux membres du Comité de Libération, résistants et communistes pour une large majorité. L’instituteur Henri Faure étant fonctionnaire, il ne peut se présenter, la loi est alors ainsi faite. De l’ancien conseil municipal de la période d’occupation, seul Etienne Rocher (ancien adjoint, mutilé de guerre de 14-18) a trouvé grâce aux yeux de la nouvelle équipe. À son crédit, la police allemande a mené une enquête sur son compte, il n’était pas membre de la Légion du combattant et son entente avec le maire évincé Pierre Barrailler n’était plus au beau fixe. De plus il vient d’adhérer au Front National (le Front national de lutte pour la Libération et l’indépendance de la France est un mouvement de la Résistance créé par le Parti communiste français).
Antoinette MEYRAND, première femme élue au conseil municipal

Un seul tour de scrutin sera donc suffisant pour confier les clés de la mairie à la liste conduite par François Binet, délégué mineur du Bois-Monzil, qui avait été déchu de son mandat de conseiller municipal en 1940 parce qu’il était communiste, tout comme Camille Souveton et Claude Ravel.
Jean Penot, premier prisonnier de Villars libéré (capturé en juin 1940 dans les Vosges, il est rentré le 12 avril 1945), agriculteur domicilié au Platon, est aussi élu.
Antoinette Meyrand (qui faisait déjà partie du Comité de Libération en 1944) devient quant à elle la première femme conseillère municipale. Infirmière de profession, elle s’était déjà fait remarquer durant la Grande-Guerre en étant une des pionnières du don du sang et elle avait encore montré tout son dévouement suite au bombardement du 26 mai 1944.
Quel fut le taux de participation pour ces élections municipales ? Les électrices s’étaient-elles déplacées en nombre pour ce premier droit de vote ? On ne le sait hélas pas.
Le mandat de la municipalité Binet sera de courte durée car le maire et ses colistiers seront sèchement battus (pas un seul élu, et deux transfuges passés sur la liste adverse) lors des nouvelles élections municipales d’octobre 1947. Georges Gillier prendra alors la relève.
Le Conseil municipal d’avril 1945
Maire : François Binet, 1er adjoint : Jean Pic, 2è adjoint : Etienne Rocher, 3è adjoint : Paul Moulin. Conseillers municipaux : Antoine Berger, Jean Brosse, Marcel Delpont, Victor Delporte, Antonin Duport, Maxime Fabre, Jean Claude Garnier, Pierre Guichard, Hippolyte Guillaud, Antoinette Meyrand, Jean Penot, Lucien Perrin, Claude Ravel, Joseph Rigaud, Pierre Rodias, Louis Rose, Camille Souveton.
Sources : archives municipales
©H&P-Pierre THIOLIÈRE