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La rage à Villars

La lutte contre les chiens enragés à Villars

Quand les chiens enragés couraient les rues de Villars.

Avant la Grande-Guerre il n’était pas rare de sortir le fusil pour abattre en pleine rue les canidés porteurs du mortel virus de la rage.

La divagation des chiens errants a toujours été une des préoccupations des municipalités successives de Villars et d’ailleurs. Si aujourd’hui ce sont les déjections canines qui posent surtout problèmes, il y a un siècle et plus, le problème était autrement plus grave.
Les cas avérés de rage étaient en effet régulièrement évoqués dans la presse locale. On en trouve trace localement dès 1856 avec pour Villars une demande du Préfet d’appliquer la réglementation prévue en la matière. Car à cette époque une morsure pouvait entrainer la mort. Louis Pasteur n’avait pas encore mis au point son vaccin, il faudra attendre 1885.

On ne trouve heureusement pas trace d’un décès humain pour cause de rage à Villars. Par contre, faute d’avoir éradiqué la maladie, la présence d’animaux enragés dans les rues de la commune est régulièrement attestée au fil des décennies.

En juillet 1899 une pauvre dame revenant de La Louvesc avec son chien, a vu son fidèle caniche se retourner contre elle et la mordre cruellement à la main. Ce méfait accompli, le toutou prit la course et mordit en outre trois habitants de Villars qui ont été envoyés à l’institut Pasteur, le chien ayant été reconnu atteint d’hydrophobie. « Le voyage à La Louvesc ne porte pas toujours bonheur à ceux qui l’accomplissent » ironise le journal.

Les chiens enragés : des mesures strictes face à la menace

Au début de l’été 1901, la presse locale évoque un nouveau cas de chien enragé courant la campagne, mordant pendant le trajet plusieurs de ses congénères. Il a traversé le bourg de Villars à la sortie duquel il a été tué par Antoine Plotton (dit Tonin, cultivateur place Gambetta) qui, tandis que tout le monde prenait la fuite, s’approcha très bravement du chien, fit feu et fut assez heureux pour le tuer. L’animal, après examen du vétérinaire, a été reconnu atteint du virus. En avril 1902 Antonin Plotton (encore lui !) abat de nouveau un chien enragé. À quelques semaines d’intervalle Pierre Badinand, marchand de vin et conseiller municipal, avait aussi été obligé de jouer de la gâchette face à un canidé enragé.

Le maire Antoine Grataloup (passementier au Bois-Monzil) avait aussitôt pris un arrêté municipal précisant que « tous les chiens mordus ou soupçonnés de l’être seront immédiatement abattus par leurs propriétaires ou conduits aux abattoirs à Saint-Étienne ; les autres chiens seront tenus attachés ou muselés et tenus en laisse pendant 40 jours ; tous les chiens devront être porteurs d’un collier et munis d’une plaque ayant le nom du propriétaire ». Joseph Weissenbach le garde champêtre de la commune était alors chargé de faire appliquer le présent arrêté.

En juillet 1908, un cas de rage canine est de nouveau constaté sur le périmètre communal. Le maire Jean Baptiste Paret prend alors un nouvel arrêté municipal « interdisant la circulation libre des chiens dans la commune du 2 juillet au 10 août inclus, à moins qu’ils ne soient tenus en laisse, exception faite pour les chiens de berger et de bouvier ainsi que pour les chiens de chasse ». Ce qui au passage limitait singulièrement la portée de cette action préventive !

Septembre 1856 : un chien enragé traverse la commune en provenance de l’Étrat. Il mord plusieurs de ses congénères et il est finalement abattu.
Octobre 1884 : un chien enragé est signalé au Bois-Monzil, on ne réussit pas à l’abattre.
Juillet 1899 : une voyageuse de la Louvesc de passage à Villars est mordue par son caniche enragé qui mord également trois habitants de la commune.
Juillet 1901 : Antoine Plotton, cultivateur place Gambetta, abat un chien enragé à la sortie du bourg.
Mars 1902 : Pierre Badinand, marchand de vin et conseiller municipal, abat à son tour un chien enragé.
Avril 1902 : Antoine Plotton abat de nouveau chien enragé.
Juillet 1906 : un petit chien enragé mord son propriétaire (François Berthier) et le fils de ce dernier.
Mars 1907 : le chien de M Charra, ébéniste à l’Arsenal, doit être abattu.
Juillet 1913 : le fils Crespe de Michard est mordu par le chien d’un marchand ambulant.
Novembre 1916 : Un habitant de Curnieu est mordu à la jambe par un chien errant suspect.
Septembre 1922 : Jacques Ignace, instituteur public, est mordu par un chien.
Juin 1930 : un jeune habitant de Curnieu est mordu par un chien.

ARRÊTÉ MUNICIPAL DE MARS 1902

Article 1 : tous les chiens mordus ou soupçonnés de l’être seront immédiatement abattus par leurs propriétaires ou conduits aux abattoirs des Mottetières à Saint-Étienne.
Article 2 : les autres chiens seront tenus attachés ou muselés et tenus en laisse pendant 40 jours.
Article 3 : tous les chiens devront être porteurs d’un collier et munis d’une plaque ayant le nom du propriétaire.
Article 4 : des procès-verbaux seront dressé aux propriétaires de chiens troués erras sur la voie publique et aux contrevenant aux articles ci-dessus.
Article 5 : le garde champêtre de Villars est chargé du présent arrêté.

Sources : presse ancienne, arrêtés municipaux
©H&P-Recherches Pierre THIOLIÈRE.

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