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Rentrée des classes 1941

Malgré la guerre, sur les bancs de l’école, les jeunes villardaires se préparaient des lendemains meilleurs.
Ils et elles ne sont plus qu’une petite poignée, Villardaires âgés de 85 ans et plus, à se souvenir de leurs années d’école durant la guerre. Autant de témoignages rares, parfois émoussés par l’usure des ans. Avec à l’appui des photos anciennes et quelques noms qui remontent à la surface lorsque l’on évoque le sujet.
1941, une de ces années sombres de la guerre. La ligne de démarcation retenait encore l’occupant allemand loin de ce qu’on appelait la zone libre, du moins pour quelques temps encore. Les réfugiés, venus essentiellement du Nord et de l’Est de la France, étaient nombreux à venir travailler essentiellement au fond de la mine. Sur les bancs de l’école publique du Bourg, l’insouciance était de rigueur. À cet âge-là, malgré les privations, la réalité était encore toute auréolée de jeux d’enfants.

La rentrée des classes n’était pas comme aujourd’hui début septembre, mais un mois plus tard début octobre. À l’inverse les grandes vacances débutaient plus tard le 15 juillet.
Le directeur de l’école de garçons de Villars était Henri FAURE (en poste de 1938 à 1947). Il assurera l’intérim de maire de Villars en 1944 avec le Comité de la Libération.
La classe de maternelle (enfants nés en 1935 et fratrie), ici prise en photo juste derrière l’actuel bureau de poste, était dirigée par Mlle Francine DURY. Et la dame « pipi » de l’époque s’appelait Mme COIFFET. Si les classes primaires étaient bien séparées entre garçons et filles, la maternelle était mixte. On notera que par soucis d’économie pour les familles, les enfants qui n’étaient pas dans la même classe étaient quand même réunis sur la même photo. Tels sont les souvenirs de Jeannot FRANÇON, du Breuil.

« Un jour PÉTAIN était venu à Saint-Étienne en train. (Le 1er mars 1941, il arrive de Roanne). Avec l’école maternelle on était allés à la gare le voir passer. La maitresse nous avait emmenés, on était toute une flopée. On était avec nos petits drapeaux tricolores et on chantait Maréchal nous voilà ! J’ai vu le train passer, il ne s’est pas arrêté et je n’ai pas vu PÉTAIN (rires). Je m’en rappelle bien » témoigne aujourd’hui Pierrot PERRIN.

Rang du haut :

CAMPHIN René, DOS SANTOS Manuel, FAURE, RECH, HALLO, GRANGE, CHAPUIS Marcel.
Milieu :
PERRIN Pierre, DEVILLE Monique, DENIS Renée, ROUCHOUSE Denise, COURBON Paulette, ALPHONSO, RECH Ildenina, SOUVIGNET Jean Marie, PONCHON, DUTEY, VALDEC.
Rang du bas :
FRANÇON Jean, HIERLE, CHAPON Raoul, MARTINS Élisabeth et son frère MARTINS Claude, DOS SANTOS, BONAMOUR, SOUVIGNET, DENIS, GONCALVES Jean Baptiste.

Camphin, réfugié et fils de Résistant

Pour l’anecdote, le petit garçon debout au rang du haut à gauche s’appelait CAMPHIN. C’était le fils d’une famille du Pas-de-Calais réfugiée avenue Hoche à Villars. Le père, René CAMPHIN, après avoir combattu dans les Ardennes en mai 40, fut fait prisonnier à Belfort le 17 juin. Il s’évada d’Allemagne le 18 septembre 1941 en traversant le Rhin à la nage et rejoint sa femme et son fils en zone Sud à Villars. À l’été 1941 il entra dans la Résistance (sous le pseudo de colonel Baudoin) tout comme ses deux frères hélas capturés, torturés et fusillés par les Nazis. Après-guerre René CAMPHIN, grand résistant (légion d’honneur) fut membre du comité central du Parti communiste et député du Pas-de-Calais de 1945 à 1954, date de son décès dans des circonstances troubles.

Sur la photo, les anciens de la commune reconnaîtront aussi Jean GONCALVÈS, joueur d’accordéon bien connu dans la région ainsi que les frères DOS SANTOS, champions d’haltérophilie. Pierrot PERRIN (à gauche rang du milieu), Jeannot FRANÇON (au sol à gauche rang du bas) tout comme Claude MARTINS (rang du bas) ont été des figures bien connues de la vie associative locale et notamment de la Boule des Marronniers.
Jeannot FRANÇON (qui nous a aimablement prêté cette photo) allait d’ailleurs épouser la petite Élisabeth MARTINS qui a longtemps géré la Droguerie du Forez, rue de la République ! Comme le temps passe vite !

Enfants nés à Villars en 1935, classement par ordre alphabétique :

Marcel Albert CHAPUIS, Raoul Jacques CHAPON, Léo CHYLA, Jean Étienne CORON, Paulette Jeanine COURBON, Alphonse DEDINGER, Maurice Marius DEFOUR, Renée Claudia DENIS, Monique Fleurine DEVILLE, Manuel Francisque DOS SANTOS, Gabrielle Fleure Francine DUBOEUF, Émilienne Josette FARGIER, Jean André FRANÇON, Georges Eugène GIDROL, Jean Baptiste GONCALVES, Edmond JALOSZYNSKI, Paulette Jeannine MARIDET, Antoine Louis MARION, Louis MARTIN, Claude Marie MARTINS, Jacques Etienne Antoine MÉON, Bernadette Louise MOULIN, Claudette Jeanne Marie MOULIN, Claude Pierre PERRIN, Henri Pierre PERRIN, Ildenina Néla RECH, Denise Jeanne Marie ROUCHOUSE, Régis ROMÉAS, Jean Marie Gabriel SOUVIGNET, Thérèse Marie Catherine VINGTRINIER, Raymond Henri WOJCIEKOWSKI.

Sources : témoignages de Jeannot et Babeth FRANÇON et de Pierre PERRIN, état civil de Villars, le Maitron (cas CAMPHIN). Photo aimablement fournie par Jeannot et Babeth FRANÇON
©H&P-Pierre THIOLIÈRE

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