1901 : la commune lutte contre les chenilles
Les récoltes sont menacées. Le maire Antoine Grataloup prend un arrêté municipal pour contraindre les propriétaires terriens à réaliser un échenillage dans les arbres, haies et buissons.
Si aujourd’hui nombre de communes sont engagées dans la lutte contre les frelons asiatiques et les chenilles processionnaires, au début du siècle dernier, l’éradication des insectes parasites était déjà une préoccupation municipale.
Au printemps 1901, le maire Antoine Grataloup, passementier au Bois-Monzil alors âgé de 40 ans, entend répondre aux préoccupations des cultivateurs de Villars dont les récoltes sont menacées.
La presse locale évoque alors des infestations causées par la pyrale et la psyché noire. Les choux, mais aussi les tomates et également les arbres fruitiers sont notamment victimes de l’appétit de ces ravageurs. Mais ni le jus de tabac le plus souvent préconisé, ni les divers insecticides alors testés ne parviennent à stopper cette invasion.
Selon le recensement de 1901, sur les 2787 habitants de la commune, on compte 26 cultivateurs et 13 jardiniers, avec des exploitations conséquentes en surface au Bois-Monzil et à Montravel, ainsi qu’au Grand-Charlieu et à Bourgeat.
Un arrêté municipal va donc être pris par la municipalité Grataloup avec pour objectif « d’assurer la sécurité de la récolte » en contraignant les propriétaires de procéder par eux-mêmes à la destruction des chenilles dont on trouve « bourses et toiles en grand nombre sur des arbres, haies et buissons » et ce durant tout le mois de mars. Il est demandé « de brûler sur le champ les bourses et toiles provenant des arbres. Cette opération ne pourra s’effectuer qu’à une distance de 100 mètres de habitations ».
Le garde-champêtre, Mathieu Trapeaux, domicilié au Breuil, est alors chargé de veiller à la bonne exécution du présent arrêté. À défaut, « en cas de négligence des intéressés » il est prévu que l’échenillage soit réalisé par des ouvriers et la facture payée par les propriétaires, s’ajoutant à l’amende prévue (et dont le montant n’est pas précisé).
Villars, le 10 mars 1901
Considérant que l’autorité municipale est chargée de veiller à tout ce qui peut assurer la sécurité de la récolte.
Considérant cette année le grand nombre de bourses et toiles de chenilles sur les arbres, haies et buisson.
Arrêté :
Article 1er : conformément à la loi, les propriétaires fermiers ou locataires de terrains situés dans l’étendue de la commune sont tenus d’écheniller ou faire écheniller tous les ans du 1er au 31 mars les arbres, haies et buissons qui sont sur les dits terrains ainsi que ceux qui bordent les grandes routes et chemins vicinaux.
Article 2 : on brûlera sur le champ les bourses et toiles provenant des arbres. Cette opération ne pourra s’effectuer qu’à une distance de 100 mètres de habitations.
Article 3 : pendant ce laps de temps, le garde-champêtre visitera tous les fonds garnis d’arbres, haies ou buissons pour s’assurer si l’échenillage a été fait exactement.Article 4 : provisoirement, en cas de négligence des intéressés, il sera procédé à l’échenillage par des ouvriers qui seront payés de leur salaire sur l’exécutoire des dépenses, délivré par le juge de paix, d’après les quittances des ouvriers contre les propriétaires ou fermiers et sans que ce payement puisse les dispenser de l’amende. Dans ce cas la contravention sera constatée par un procès-verbal adressé au juge de paix chargé de l’application de la peine.
Article 5 : le présent arrêté sera publié et affiché dans la commune, par le garde-champêtre.
Le Maire : Grataloup
Sources : arrêtés municipaux
©H&P-Recherches Pierre THIOLIÈRE.